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Dans cet épisode nous allons parler d’un ingrédient que vous connaissez probablement et peut être consommez vous déjà, le quinoa. Nous ne nous intéressons pas seulement à ses valeurs nutritives et ses préparations mais également à son histoire riche datant de plusieurs millénaires ainsi que de son potentiel pour réduire la malnutrition dans le monde.
HISTOIRE DU QUINOA
Le début de la domestication du quinoa est estimé entre 3000 et 5000 ans avant notre ère.
C’était un aliment de base des Incas, Aymaras et Quechuas. Pour les Incas, cet ingrédient était sacré et appelé “chisaya mama”, la mère des graines. Cela a amené les conquistadors espagnols du 16ème siècle, opposés aux croyances indigènes, à le considérer comme profane, une graine du diable dont ils ont rendu la culture illégale. Fort heureusement, aujourd’hui le quinoa n’est pas illégal et est plus populaire que jamais. De plus, il semble que le quinoa n’a pas encore fini de dévoiler son histoire. Récemment, en 2010, une masse de quinoa vieille de 3000 ans a été découverte au Canada, révélant que la graine avait dès lors déjà voyagé bien au-delà de son lieu d’origine en Amérique du Sud, et ce bien avant la découverte de l’Amérique par les européens. Cet évènement met en évidence que les peuples indigènes reconnaissaient la valeur du quinoa de l’Amérique du sud jusqu’à l’Amérique du nord.
On peut donc se poser la question pourquoi le quinoa, avant d’être diabolisé, était aussi populaire dans toute l’étendue de ce continent.
VALEURS NUTRITIONNELLES
Le quinoa est souvent considéré comme un super aliment en raison de ses riches valeurs nutritives. Il contient une grande quantité de protéines au profil aminé complet. Il est riche en minéraux essentiels tels que le fer, le magnésium, le potassium et le zinc. Ne contenant pas de gluten, le quinoa est idéal pour les nombreuses personnes qui y sont intolérantes.
Si l’on compare le quinoa à des bases alimentaires communes tel que le riz on s’aperçoit qu’il leur est significativement supérieur.
Il contient 7 fois plus de fibres, 2 fois plus de protéines, 7 fois plus de fer et 5 fois plus de magnésium. Mais il est intéressant de savoir que sa qualité nutritionnelle est loin d’être son seul avantage.
SÉCURITÉ ALIMENTAIRE
Le quinoa est naturellement revêtu de saponine, une toxine qui a pour objectif de le protéger des insectes. Cela permet à la graine d’être cultivée sans pesticides et les couts et dangers pour la santé qui leurs sont associés. Il est résistant au froid, au sel et peut être cultivée dans des sols pauvres bénéficiant de cumul de pluie annuelle aussi faible que 200mm. En comparaison à d’autres cultures, celle du quinoa engendrera donc probablement moins de perte de récolte. Également, le quinoa peut donc être cultivé dans de nombreux climats et zones géographiques différentes. Le nombre de ressources nécessaires et d’entretien étant faible, il en va de même pour la charge de travail associée.D’autre part, la préparation du quinoa est facile, ne nécessitant que 15 minutes de cuisson précédée par un rinçage afin de retirer les saponines qui couvrent les graines. Pour ceux qui n’aiment pas le quinoa sous forme de graines, il est possible de faire des pâtes à base de quinoa, ce qui peut rendre la transition des pâtes vers le quinoa plus aisée pour les inconditionnels des spaghettis. La culture du quinoa n’apporte pas seulement ses graines mais aussi ses feuilles, également riches nutritivement et qui s’apparentent à des épinards. En ce qui concerne la conservation, les graines non cuites peuvent être conservées pendant 2 ou 3 ans et ne sont donc pas particulièrement sujettes au gaspillage dû à la péremption. Attention, une fois cuit le quinoa ne peut être conservé qu’une semaine et doit l’être au réfrigérateur.
RECONNAISSANCE
Ces avantages ont attiré l’attention de nombreux programmes de sécurité alimentaire et recherches dans le domaine de l’agriculture en tant que culture alternative.
La NASA a reconnu le quinoa comme potentielle source d’alimentation à cultiver à bord des vaisseaux spatiaux dans le cadre de missions long terme.
D’après un rapport produit en 2011 par la PROINPA, la fondation pour la promotion et l’investigation des produits des Andes, les cultures de quinoa ont amené des rendements élevés en Amérique du Sud, Amérique du Nord, Europe du Nord, Inde du Nord et Kenya. Cela confirme que ce super aliment peut effectivement être cultivé dans la plupart des zones géographiques.
L’ONU a déclaré 2013 comme étant l’année internationale du quinoa. Une année dédiée à étendre la culture de la graine à de nombreux pays supplémentaires afin d’améliorer la sécurité alimentaire dans le monde. Le potentiel de cette petite graine pour lutter contre la famine ne devrait pas être sous-estimé.
CONCENTRATION GÉOGRAPHIQUE
Malheureusement, malgré la forte croissance de popularité et de production du quinoa entre 2009 et 2019, la production mondiale de la graine reste encore à 65% faite par le duo Pérou et Bolivie (85% en 2009) en 2019. Une telle concentration présente de nombreux problèmes.
Pour le Pérou et la Bolivie, le fait que la demande mondiale dépend de leur production, engendre de fortes hausses de prix qui rendent le quinoa trop cher pour les locaux et les amènent à préférer des sources alimentaires moins chères mais aussi moins nutritives. Plus de pays, en particulier les plus pauvres, doivent intégrer sa production localement. Cela permettrait de participer à leur économie et baisser le cout de la graine au niveau local et mondial.
La concentration géographique de la production mondiale du quinoa pose également un problème environnemental associé à l’augmentation des transports nécessaires.
RESPONSABILITÉ ET AVENIR
Pour les consommateurs les plus éthiques, le dilemme devient évident, doit ont consommer le quinoa en provenance des pays pauvres pour soutenir leur économie et production ou doit on acheter localement pour minimiser l’impact sur l’environnement et ne pas créer d’inflation dans les pays qui y sont le plus sensibles.
Pour ceux qui s’intéressent aux histoires alternatives, vu la croissance récente on peut se demander quel niveau de popularité le quinoa aurait s’il n’avait pas été diabolisé à l’époque des conquistadors. Est-ce que le quinoa aurait complètement transformé nos traditions alimentaires et remplacé les bases tel que les pâtes et le riz ?
Finalement, est-ce que le gain de popularité du super aliment va amener à de nombreuses transformation de sa préparation en accordance aux goûts et traditions des différentes zones géographiques. Peut-être verra-t-on un jour les spaghetti au quinoa plus communs que ceux au blé.