Il est difficile de s’y retrouver dans la jungle des conseils en nutrition. Aliments interdits, régimes restrictifs, produits dangereux et toujours dans l’attente d’une nouvelle recherche pour nous dire que tel ou tel aliment va nuire à notre santé. Peut-on encore manger quoi que ce soit si l’on écoute tous ces conseils ?
A l’autre extrême, on nous promet monts et merveilles, des solutions miracles pour, entre autres, perdre des kilos de graisse et en gagner tout autant de muscle en très peu de temps.
Que croire au milieu des contradictions, conflits d’intérêts et arnaques qui règnent dans le marché grandissant de la nutrition et des compléments alimentaires ? Peut-on vivre en bonne santé sans se priver ?
LIMITATION DES ETUDES
Le monde de la recherche n’est pas aussi fiable qu’on peut le croire. Dans un article publié en 2016, le New York Times a dévoilé que l’industrie du sucre avait payé des professeurs pour produire des recherches factices afin de faire diversion des risques cardiovasculaires du sucre en faisant de la graisse le bouc émissaire. Ce type de pratique a amené la recherche à faire fausse route en introduisant des données corrompues sur lesquelles les futures recherches s’appuient et décrédibilise les sources que l’on pensait être les plus légitimes et justes, les études académiques.
Pour en savoir plus il nous suffit d’écouter Marion Nestle (aucune relation avec la marque), professeur à la New York University et une des figures les plus éminentes de la critique de l’influence des lobbys dans la nutrition. Dans son livre « Food Politics » elle déclare que les entreprises cherchent des experts, financent leurs recherches et les engagent en tant que consultants. Les experts internalisent les intérêts de leurs bénéficiaires mais retiennent la croyance qu’ils conservent leur objectivité. Le fait est que la corrélation entre le sponsoring de recherche et les résultats favorables aux produits des sponsors est très élevée.
Malheureusement, le problème des études sur la nutrition ne s’arrête pas là. Même en l’absence de corruption ou de politique, les recherches sont limitées par plusieurs facteurs dont un des plus importants est le fait qu’il est extrêmement difficile voire parfois impossible avec les moyens d’aujourd’hui d’isoler des aliments spécifiques pour étudier leurs corrélations avec certains avantages ou désavantages pour la santé et le sport. Par exemple certaines études proclament mettre en évidence le lien entre consommation de viande et cancer mais ne font pas de distinction entre les sources de viandes. Est-ce que le problème vient de la viande ou des antibiotiques et hormones qui leurs sont injectés ? Ou encore est ce que les mangeurs de viandes sont également plus souvent des mangeurs réguliers de fast food ?
Ces problèmes sont considérés comme variables confusionnelles et sont monnaies courantes dans une forme très commune d’étude, l’étude observationnelle.
Il ne faut donc pas être surpris lorsque ces limitations se manifestent. La preuve en est que si l’on devait croire tout ce que l’on entend sur les risques alimentaires il ne nous resterait plus grand-chose à manger. Une étude publiée en 2002 a cherché à identifier si tout ce que l’on mange est associé au cancer. Le principe de l’étude était de sélectionner 50 aliments au hasard et d’étudier les différentes recherches effectuées sur leur lien avec le cancer. Le résultat qu’ils ont découvert est que la plupart des aliments sont associés avec, à la fois des études qui les considèrent comme pouvant prévenir du cancer et des recherches qui considèrent qu’ils augmentent le risque de cancer.
Le graphique ci-dessous illustre bien l’absurdité des résultats individuels de ces recherches.

Pour enfoncer le clou, d’après le British Medical Journal, qui étudie la qualité de la plupart des études médicales, en moyenne, seulement 3000 sur 50 000 articles de journaux publiés chaque année sont suffisamment bien réalisés et pertinents. Cela représente seulement 6%.
MEDIATISATION DE DESINFORMATION

Passé au filtre des médias, les limitations des études sont amplifiées. D’après une étude publiée dans le British Medical Journal en 2014, la communication des universités qui accompagne la publication de leurs nouvelles recherches exagèrent souvent l’impact de leurs résultats. D’après cette même étude, ces exagérations participent grandement à la piètre qualité des articles de santé publiés par les journalistes.
Le système pousse malheureusement le monde de la recherche à ce type de pratique pour attirer l’attention sur leurs projets afin d’obtenir plus de financement.
Ce problème de communication des universités s’ajoute à la tendance de certains journalistes à exagérer (pas aussi souvent que les universités) ces informations de santé.
Une étude publiée en 2008 a analysé plus de 500 articles de santé parus dans de grands journaux sur une période de 22 mois et découvert qu’entre 62% et 77% ne communiquaient pas honnêtement les informations. Bénéfices surjoués et potentiels dangers de certains traitements sous-estimés. Exagération de la prévalence de certaines maladies et pas de mention aux alternatives existantes à ces trouvailles.
L’intérêt des médias sensationnalistes est, malheureusement, souvent d’attirer l’attention. Pour ce faire quoi de mieux que de choquer et par exemple, de dire que la consommation de tel ou tel aliment risque de nous faire mourir. Ces idées se propagent et nous les subissons, après tout qui sommes-nous pour contredire des journalistes s’appuyant sur des études de chercheurs.
Malheureusement, même honnêtes, les nutritionnistes et autres professionnels de la santé, faisant simplement confiance au système, se retrouvent à rependre de mauvaises informations.
Ces problèmes résultent en des informations souvent incomplètes, contradictoires voire parfois malhonnêtes relayées au grand public.
Dans un monde d’incertitude scientifique, c’est malheureusement le sensationnalisme médiatique qui l’emporte et de nombreux professionnels jouent le jeu.
MANQUE DE CONTROLE
Méfiez-vous de ce qui se trouve dans votre « assiette ». En 1984, le gouvernement des Etats Unis a dérégulé le marché des compléments alimentaires, donnant la possibilité de créer et vendre des compléments alimentaires promettant de faux bénéfices et parfois contenants des produits dangereux pour la santé.
En ce qui concerne l’Europe, dans une étude de l’IOC paru en 2002, on peut voir qu’elle n’est pas épargnée par la contamination. Un exemple choquant est la présence d’une drogue puissante, dangereuse et illégale comme les stéroïdes dans certains compléments alimentaires de source protéiques. Les Pays Bas et l’Angleterre ayant même un pourcentage encore plus important de produits contaminés comparativement aux Etats Unis.

En France des compléments alimentaires aussi communs que la spiruline ne sont pas contrôlés pour leur contenance en métaux lourds par l’état Français et d’après l’agence nationale de la sécurité sanitaire de l’alimentation de l’environnement et du travail (ANSES), cela représente un risque significatif pour la santé.
Ce manque de contrôle touche également les sources les plus communes d’alimentation: Contaminations de la viande bovine par la tuberculose, du lait par la salmonellose ou encore du jambon par la listéria.
VENDEURS DE REVES

Recherches limitées, avis contradictoires, manque de transparence sur la composition et le risque de nombreux produits font du marché de la nutrition et en particulier les compléments alimentaires, un véritable Far-West.
Les créateurs et vendeurs de produits malintentionnés peuvent pleinement s’enrichir dans cet environnement favorable.
Ils peuvent surfer sur les dernières tendances médiatique en ce qui concerne la nutrition, qu’elles soient vraies ou fausses en indiquant la présence de certains aliments dans leurs produits. La plupart des consommateurs ne remettront pas en question les promesses de ces produits ou le fait que les aliments recherchés y sont très fortement dilués et mélangés avec des substances inutiles voire dangereuses.
La plupart des compléments alimentaires sont inefficaces. Les personnes qui en consomment sont en meilleure santé simplement parce que ce sont des personnes qui font attention à leur santé et donc, au-delà de la consommation de compléments alimentaires, vont être soucieux d’avoir une bonne alimentation.
D’après une étude publiée dans le International Journal of Preventive Medicine en 2012, les résultats des études de grande envergure démontrent que, pour la majorité de la population, il n’y a pas de bénéfice à tirer des compléments de vitamines et minéraux.
Mais cela n’empêche pas les gens de consommer des compléments alimentaires, dont le marché était de près de 133 milliards de dollars (108 milliards d’euros) en 2016.
La plupart des consommateurs n’ont pas le temps de vérifier que ce qu’ils lisent ou entendent présentent des sources fiables. L’utilisation de tactiques telles que des photos avant/après consommation de produits qui sont parfois prises le même jour puis retouchées sur ordinateur sont une insulte à l’intelligence. L’ignorance des consommateurs fait le bonheur de ceux qui l’exploite.
Et si vous pensez que regarder les notations de particuliers sur Amazon pourra vous aider, détrompez-vous, car, d’après reviewmeta, un site spécialisé dans l’analyse des commentaires d’achat en ligne la majorité des commentaires positifs sont faux, y compris dans les achats vérifiés et le nombre n’aident pas car ces fausses recommandations peuvent être par centaines sur un même produit.
Reviewmeta remet également en question le nombre anormal de commentaires positifs sur un des leader du marché des compléments alimentaires.
Une alternative similaire à reviewmeta.com est fakespot.com. Selon cette alternative près de 40% des commentaires d’amazon.com sont fausses.
COMMENT FAIRE FACE ?

Etudes
Malgré les imperfections de la plupart des études, il existe une solution afin de tirer des conclusions fiables dans ce domaine d’incertitude. Cette solution est de se fier à un type d’étude en particulier, les études dite systématiques. Les études systématiques consistent à revoir un grand nombre voire l’ensemble des études sur un sujet, d’en compiler et revoir les données afin d’obtenir un degré de certitude bien plus élevé sur les conclusions.
Le deuxième type d’étude le plus fiable est l’essai contrôlé randomisé avec placebo. Le principe est de sélectionner un groupe de patients pour tester un produit et autre groupe au hasard qui reçoit un placebo. C’est le type d’étude généralement le plus fiable à utiliser dans le cadre des études systématiques.
Au-delà du type d’étude il est important de vérifier s’il y a conflit d’intérêt. Cela peut être compliqué, mais c’est parfois mentionné dans les études.
Médias
Peut-on croire les médias, que cela soit tv, radio ou articles sur internet lorsqu’il y a autant de désinformations ?
Un moyen efficace de déterminer la crédibilité d’un sujet venant des media est de regarder leurs sources. Si ce sont des sources qui viennent de personnalités médiatiques, d’articles de blog ou d’une seule étude, il y a de quoi se méfier. Une source crédible citera de nombreuses sources scientifiques, idéalement pas seulement la nouvelle recherche qui vient d’être publié et qui fait le buzz. Elle mettra également ses révélations dans le contexte des publications passées y compris celles qui n’iraient pas dans le même sens. D’une manière générale les sources nationales et académiques de type .gouv . gov ou .org ont plus de chance d’être fiables.
Producteurs et vendeurs
Lorsqu’un produit promet certains bénéfices, renseignez-vous sur les sources sur lesquelles ces promesses sont basées et vérifiez également si cela correspond à ce que contient le produit. Si l’ensemble des ingrédients ne sont pas indiqués sur l’étiquetage, soyez curieux et n’hésitez pas à contacter les fabricants ou vendeurs pour obtenir plus de détail.
Pour ce qui est des avis des consommateurs d’Amazon, utilisez des sites comme reviewmeta.com afin vérifier si les avis sur un produit spécifique sont véridiques ou non. Un autre moyen d’obtenir des avis honnêtes est de consulter des forums sur lesquels les liens commerciaux sont interdits comme sur reddit.com et les commentaires ne faisant pas référence à des marques en particulier. D’une manière générale méfiez-vous des promesses qui paraissent trop grosses pour être vraies.
Certifications
Afin de consommer des produits mieux contrôlés et de meilleure qualité, favorisez le bio.
Le label bio européen contrôle les produits utilisant son label au moins une fois par an. Le label bio s’engage à garantir que les produits labelisés n’ont pas été confectionnés avec l’aide de pesticides chimiques, pas de présence d’OGM, d’hormones de croissance, et contrôle également la présence d’additifs et d’éléments dangereux tels que les métaux lourds. Le label garantit également un accès plein air aux animaux.
VOUS POUVEZ VOUS DÉTENDRE
Oldways est une organisation qui base ses conseils sur des recherches de type systématiques et donc degré élevé de fiabilité. Lors de la conférence Oldways Finding Common Ground en 2015, un groupe de leaders et experts en nutrition ont atteint un consensus sur ce qui définit une alimentation saine.
L’un de ces points était qu’il y a de fortes preuves qu’il n’est pas nécessaire d’éliminer des groupes d’aliments ou encore se limiter à suivre un régime en particulier. Le niveau de flexibilité est donc bien plus important que ce que l’on peut entendre des médias et même les aliments les plus redoutés tels que la viande rouge n’ont pas à être éliminés mais juste réduits dans notre alimentation. L’objectif d’une alimentation équilibrée doit être d’atteindre les besoins des individus dans le cadre de leurs préférences culinaires et culturelles.
FAISONS LA DIFFERENCE
En tant que consommateur éclairé, vous n’aurez plus de crainte ni de stress de subir le chaos de la médiatisation nutritionnelle. Etre maitre de son alimentation peut être très gratifiant et répandre ce savoir et cette maitrise autour de soi peut l’être tout autant.
D’après le livre Food Politics de Marion Nestle, une des figures de l’activisme nutritionnel, aujourd’hui est un moment intéressant pour être un défenseur de la bonne nourriture et nutrition. Que cela soit pour la santé de nos enfants ou pour une plus grande responsabilité des entreprises qui y jouent un rôle. De nombreuses problématiques nutritionnelles valent le coup de s’y impliquer et de nombreux groupes travaillent dessus. A vous de les supporter, joindre, voire créer. Manger plus sainement et encourager ceux qui vous entourent d’en faire de même peut améliorer leur vie et est en accordance avec la meilleure pratique des sociétés démocratiques.
De notre côté, nous nous engageons à faire de notre mieux pour respecter les principes que l’on prône dans cet article afin de contribuer, même si ce n’est que dans une modeste mesure, à l’évolution des connaissances des consommateurs de produits nutritionnels. Nous ne vendons que des produits certifiés bio, sélectionnés pour leur efficacité pour le sport et le bien-être et nous efforçons de rédiger des articles qui s’appuient sur de nombreuses études légitimes. Nous testons également nous-mêmes les produits en espérant devenir une source de confiance dans la sélection des compléments alimentaires pour le sport et le bien-être.