Alors que la France importe 25%1 de ses légumes, 50%2 de sa surface d’agriculture est concentrée sur seulement 5 légumes. Ce manque de diversité et cette forte dépendance à l’import limitent le potentiel de l’agriculture Française en ce qui concerne la permaculture et l’autonomie alimentaire. Fort heureusement, il existe un type de légume, cultivable en France, qui peut résoudre ces limitations.
Explorons ensemble comment les légumes dits perpétuels ou vivaces peuvent accomplir ce fait.
MITIGATION DES ÉMISSIONS DE CARBONE
Le développement de la culture des légumes perpétuels permet d’optimiser le potentiel des champs et potagers à mitiger les émissions de carbone qui nuisent à l’environnement.
Plantes ligneuses
La plupart des légumes perpétuels intéressants d’un point de vue nutritionnel ont une excellente capacité à séquestrer le carbone. Cela s’explique par le fait que la majorité sont des plantes ligneuses, un type de plante qui séquestre beaucoup plus de carbone que les alternatives de types herbacées et vignes. D’ici 2050, près de 2,5%3 des émissions de carbone en provenance des cultures pourraient être séquestrées avec la seule intégration des variétés ligneuses des légumes perpétuels.
Parmi ces variétés, des exemples de sources de légumes perpétuels qui sont nutritionnellement riches et cultivables en France sont : Le Mûrier blanc (morus alba), le cédrèle de Chine (toona sinensis), l’Orme de Sibérie (ulmus pumila) et l’arroche halime (atriplex halimus). Aussi, il est important de noter que c’est à leurs feuilles que l’on fait référence. Mais la contribution des légumes perpétuels pour l’environnement ne s’arrête pas là.
Réduire le labourage
La culture des légumes perpétuels permet d’augmenter la capacité des champs à séquestrer le carbone en réduisant le labourage. Du fait que les plantes annuelles demandent une plus haute fréquence de travail de la terre, elles multiplient les mouvements du sol, ce qui conduit à réduire sa capacité à séquestrer le carbone.
Compatibilité avec l’agroforesterie
D’autre part, grâce à leur compatibilité avec l’agroforesterie, les légumes perpétuels contribuent indirectement à la séquestration de carbone et sa conversion en oxygène. Cette compatibilité se manifeste par leur tolérance à l’ombre partielle des arbres qui permet d’étendre les cultures sans déforestation.
Des exemples de légumes perpétuels nutritionnellement riches qui peuvent être cultivés en ombre partielle en France sont le Mûrier blanc (Morus alba), l’Orme de Sibérie (Ulmus pumila), la vigne vinifère (Vitis vinifera), l’Épilobe en épi (Epilobium angustifolium) et la grande ortie (Urtica dioica).
Potentiel d’agriculture hors-saison
Les légumes perpétuels permettent également de mitiger les émissions de carbone en réduisant la dépendance à l’import et l’emploi de serres artificiellement chauffées pour produire de la nourriture hors saison. En effet, les parties comestibles de nombreux légumes perpétuels peuvent être collectées hors saison ou conservées et consommées séchées longtemps après être récoltées.
INDÉPENDANCE ALIMENTAIRE
Mais la culture des légumes perpétuels n’est pas qu’une histoire de carbone, c’est aussi un atout majeur pour l’autonomie alimentaire.
Indépendance à l’import
En atteste la hausse de l’indépendance à l’import pour les cultures hors saison qui permet, en plus de son impact écologique, d’augmenter la part française des légumes que l’on consomme. La récolte et la consommation de certains légumes perpétuels cultivables en France se démarquent par leur flexibilité.
La récolte des feuilles consommables de la grande Mauve, (Malva sylvestris) s’effectue au printemps mais sont séchées pour consommation ultérieure. Concernant le Mûrier blanc (Morus alba), les feuilles sont collectées après les premiers froids d’automne et peuvent être consommées fraiches ou séchées. Quant aux feuilles de l’arroche, elles peuvent être consommées à n’importe quelle saison, y compris l’hiver.
Indépendance nutritionnelle
Les légumes perpétuels contribuent également à l’autonomie alimentaire sur le plan nutritionnel. Certains de ces légumes présentent des profils nutritionnels idéaux pour faire face aux carences alimentaires les plus communes. C’est apparent lorsqu’on analyse les légumes perpétuels les plus riches car ils contiennent une forte concentration en fibre, calcium, magnésium, vitamines A, C et E.
La consommation des feuilles du Mûrier blanc (Morus alba), de la vigne vinifère (Vitis vinifera) et du cédrèle de Chine (toona sinensis) est idéale pour les carences alimentaires les plus communes.
Réduire la charge de travail
Un autre moyen d’atteindre l’autonomie est de réduire la pénibilité de la production alimentaire. C’est le cas des cultures de légumes perpétuels qui ne requièrent qu’un entretien limité et ne sont plantés qu’au plus fréquemment tous les 3 ans, un contraste notable avec les cultures annuelles.
Plus de biodiversité pour moins de perte de récoltes
Finalement, réintégrer les légumes perpétuels et leurs nombreuses variétés dans les cultures permettrait de réduire un autre obstacle à notre capacité à nous alimenter : le risque de pertes de récoltes. Leur intégration augmenterait la biodiversité des cultures et permettrait donc de lutter contre les insectes qui les ravagent. En effet, nombreux sont les insectes qui ne se nourrissent que de plantes spécifiques et la biodiversité apporte la diversification qui permet de les contenir. L’impact d’un point de vu diversité serait significatif car à l’échelle mondiale il est estimé que, parmi les différentes espèces de légumes perpétuels, seulement 7,7%4 sont cultivées.
Conclusion
Mais qu’en pensez-vous ? Etes-vous prêt à expérimenter avec des légumes différents dans vos champs, potagers ou assiettes? L’idée de perturber des habitudes et systèmes peut parfois paraitre complexe mais vos aspirations à explorer et faire la différence pourrait bien y palier.
Sources
- https://www.csif.eu/sites/fr/qui-sommes-nous/le-secteur-de-l-importation.html#:~:text=En%20France%2C%2046%25%20des%20fruits,peuvent%20%C3%AAtre%20produit%20en%20France
- https://www.franceagrimer.fr/fam/content/download/63689/document/chiffres%20cl%C3%A9s%20FL%202018.pdf?version=1
- https://ourworldindata.org/food-ghg-emissions
- https://journals.plos.org/plosone/article?id=10.1371/journal.pone.0234611