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Agriculture urbaine : l’avenir de l’alimentation des villes

Alors que les crises financières et sanitaires se multiplient, l’alimentation subit des pénuries et les prix augmentent. Dans ce contexte les villes peinent à subvenir à leurs propres besoins alimentaires car elles ne produisent pas.

Dépendance alimentaire augmentation des prix et pénuries

Le changement climatique perturbe la production de l’agriculture rurale ce qui engendre une hausse des prix. Les productions agricoles rurales souffrent de nombreux problèmes causés par le changement climatique tels que les tempêtes, les inondations, le changement de périodes des saisons, les sécheresses et les raréfactions de l’eau. Lorsque les zones rurales voient leurs volumes de production agricole baisser, ce sont les villes qu’elles fournissent qui doivent en payer le prix, suivant la loi de l’offre et la demande. Les villes, malgré leur forte concentration de population, ne produisent pas elle-même la nourriture et sont donc à la merci de leur fournisseurs.
La France voit également augmenter sa dépendance au-delà de ses frontières alors qu’elle importe déjà 20% de ses denrées alimentaires. En effet, d’après un rapport du sénat, d’ici 2023 la France pourrait finir par importer plus de denrées alimentaires qu’elle n’en exporte.
Ce problème est malheureusement exacerbé par les crises sanitaires. En particulier lorsque ces dernières mènent à la limitation de l’import pour raison sanitaire. Ce type de situation, au-delà de son impact sur les prix, peut même mener à une pénurie pour les pays trop dépendant à l’importation alimentaire.

Les plus démunis souffrent le plus de la hausse des prix

La hausse de prix de la nourriture impacte plus durement les habitants les plus démunis de ces villes. En effet, plus les revenus des foyers sont faibles, plus la proportion de dépenses de premières nécessités, incluant la nourriture, est élevé. Il est estimé que chez les foyers les plus modeste, les dépenses en nourriture constituent plus de 60% de leurs salaires.
D’après une étude, en temps de crise financière, de nombreux foyers modestes réduisent leur nombres de repas et la qualité de leur nourriture.
Cela accable donc davantage des zones déjà fragiles, aggravant des problèmes sociaux existants. Ces problèmes impactent l’ensemble des habitants des villes, des plus pauvres aux plus riches.

Agriculture urbaine pour alimentation de qualité à prix bas

Le fait que l’alimentation soit produite sur place augmente la probabilité qu’elle soit de qualité. Réduire les intermédiaires réduit les dégâts causés par les différentes étapes de manutention et d’entreposage. Cela raccourci également le temps de livraison et par conséquent des aliments plus frais. Finalement, les standards Français sont appliqués à la production. Cela permet d’éviter d’importer les aliments qui ont subis les dérives de certaines production étrangères.
L’agriculture urbaine habilite les villes à mieux contrôler le prix et la disponibilité des aliments.
Lorsque les villes produisent et ont la propriété des aliments, elles augmentent leur indépendance alimentaire. Cela aide à faire face aux cas ou les fournisseur extérieurs augmentent leur prix voire même devienne incapable de fournir. C’est donc une solution adaptée pour mitiger les crises alimentaires.

Agroforesterie urbaine pour synergie environnementale et sécurité alimentaire

Au travers de l’agroforesterie les villes peuvent bénéficier des synergies entre les forêts et l’agriculture. La strate supérieure des espaces verts est constitué de canopée et donc bénéficie des avantages environnementaux. Les cultures agricoles, quant à elles, occupent la strate inférieure, et bénéficient de la canopée pour optimiser la production. Les cultures bénéficient des fertiliseurs naturels et de la protection des rayons du soleil que procure la canopée. Certains aliments nutritionnellement riche comme le kale, le chou vert et les épinards nécessitent un bon taux d’ombrage.
L’agriculture d’intérieur pour produire beaucoup avec peu de place.
Un type d’agriculture qui s’adapte bien au cadre urbain est l’agriculture d’intérieur. Ce type de culture bénéficie de rendements plus élevés et requiert moins d’espace, ce qui est particulièrement approprié dans un contexte de densité urbaine importante. Différentes options se présentent à ceux qui veulent entreprendre l’agriculture d’intérieur. La plus simple est évidemment la culture de plantes dans des récipients de types pots ou bacs. Pour ceux qui n’auraient pas accès à suffisamment d’exposition au soleil chez eux, de la lumière fluorescente pourrait être utilisée. En cas de manque de place, il est possible de mettre en place une agriculture verticale. Finalement, pour les plus passionnés qui souhaiteraient maximiser leurs rendements, la culture hydroponique est idéale. Cette technique est plus complexe à mettre en place mais peut produire 6 fois plus de tomates et 12 fois plus de légumes verts au m2 comparé à l’agriculture traditionnelle.

Est-ce que la production agricole urbaine est saine?

Une recherche effectué en 2012 à Paris a mesuré si, malgré la pollution, les produits issus de la production agricole urbaine sont aptes à la consommation.
L’étude a couvert 10 potagers répartis sur 367 hectares dans la région Parisienne. Ces lieux se trouvaient sur des toits de différentes hauteurs et à proximité de niveaux variés de trafic automobile.
Un seul de ces potagers a vu ses produits, des plantes aromatiques très sensibles à la pollution, ne pas respecter les normes Européennes.
Dans les 9 autres potagers, les niveaux de métaux lourds étaient 3 à 5 fois inférieurs à la limite fixée par l’Union Européenne.
Les niveaux d’Hydrocarbure aromatique polycyclique (HAP) ont également été mesurés en dessous des limites définies par l’Union Européenne.
Cette expérimentation a permis de définir un guide pour assurer une production agricole urbaine saine. Pour éviter l’impact négatif de la pollution, les potagers doivent se trouver à une certaine distance des artères principales et à une hauteur minimum de l’équivalent de 3 étages. Le niveau de pollution diminue avec la hauteur.

L’agriculture urbaine se manifeste sous différentes formes

Un étude récente effectuée par l’université Sheffield à Sheffield même, une ville type en Angleterre, a étudié en détail la capacité de cette ville à s’adapter afin d’y développer l’agriculture rurale. Ce qu’ils ont découvert est que cultiver fruits et légumes sur seulement 10% des espaces verts de la ville pourrait contribuer à 15% des besoins de la population locale en fruits et légumes.
Même utiliser l’agriculture sur un faible pourcentage d’espace disponible dans les zones urbaines contribuerait donc significativement à la sécurité alimentaire.
Un aspect unique de l’agriculture urbaine est la possibilité de l’effectuer sur les toits. La ville de Kathmandu au Népal en est un brillant exemple. Le pays a depuis 2012 été engagé dans le développement d’agriculture sur toit et prévois d’en couvrir 20% des habitations.
En cours de développement à Paris sur le toit du Paris Expo Porte de Versailles, le plus grand parc des expositions Français, devrait ouvrir d’ici 2022 le plus grand espace d’agriculture urbaine d’Europe avec 14,000 m2. Il pourrai produire près de 1000kg de fruits et légumes dans les hautes saisons.

Conclusion

Au travers des initiative agricoles des institutions, communautés et individus des villes, l’indépendance alimentaire est à portée de main. Mais au-delà de l’impact environnemental et alimentaire, l’agriculture urbaine peut également être un moteur de développement social. Nous couvrons cet aspect dans un autre article.

Sources:

https://www.francetvinfo.fr/economie/emploi/metiers/agriculture/agriculture-la-france-importe-de-plus-en-plus-de-denrees-alimentaires_3483763.html

https://journals.openedition.org/factsreports/5650#tocto1n3

https://journals.openedition.org/factsreports/5854#tocto2n5

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